Do you want a cigarette ? [Luke Crowels & Léliana N. Siaz]

Do You Want A Cigarette ?

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La lumière toucha les morceaux de vitres brisées sur le sol et tel un feu d'artifice sans couleur, les reflets allèrent se poser sur les objets alentours. Le dôme de verre qui surplombait autrefois ce magnifique bâtiment avait été soufflé lors d'une explosion toute proche de la bibliothèque et ce secteur n'avait pas été nettoyé, du fait qu'il était très peu fréquenté. C'est l'un des rares secteurs où l'on peut encore trouvé des livres lisibles, en état, puisqu'ils sont souvent cachés sous les débris, ou enfouis sous une bibliothèque s'étant retournée. En fait, si il restait autant de livres ici, c'est peut-être aussi parce qu'on était dans la partie instable de la bibliothèque, mais ça, Léliana s'en souciait très peu. Pour elle, prendre des risques comme celui de s'aventurer dans les terrains non-explorés de la vieille bibliothèque était un défi intéressant à relever & puis peut-être, avec un peu de chance, elle dénicherait quelques objets revendables ou un minimum intéressants ... Attention, Léliana n'était pas une pilleuse ou quelque chose dans le même genre, c'est juste que cet endroit, qui soit dit en passant était censé être encore en service, n'était plus qu'une ruine instable, au bord de l'effondrement et qui n'avait tenu que grâce aux fondations solides que les constructeurs avaient eu l'intelligence de mettre en place ; donc, par souci de préservation, Léliana préférait emporter les objets qu'elle trouvait dans les coins les plus à l'abandon de la bibliothèque, plutôt que de les laisser ici, où ils risquaient de disparaître ...

Assise sur une bibliothèque couchée sur le sol de pierres carrelées, elle contemplait le précipice au bord duquel l'étagère était penchée. D'ici, on n'en voyait pas le fond et Léliana se surprit à se demander si jamais elle tombait, si elle pourrait survivre. Mais elle ne pensait pas au suicide, détrompez-vous, elle était juste naturellement curieuse pour ce genre de sujet que les gens trouvent "inabordables en public". Elle ne voyait pas l’intérêt de ne pas en parler, puisque après tout, tout le monde y pensait, sans jamais ne rien dire. Elle épousseta son pantalon effet cuir noir aux reflets argentés en voyant qu'il prenait la poussière et remonta son débardeur rouge où était dessiné une tête de mort, pour éviter d'avoir un décolleté d'enfer. Soupirs.

" Bien, il est temps pour moi de bouger ... "

Elle sauta de la bibliothèque, s'éloignant du précipice à petits pas tranquilles, sur le rythme d'une mélodie qu'elle semblait être la seule à entendre. Détendue, elle se laissa aller à la rêverie et elle prit une des cigarettes qui se trouvait dans la poche de sa veste de cuir comme celle qu'on faisait avant La Guerre, et l'alluma d'un claquement de doigt grâce à ses pouvoirs. Au bout de quelques minutes de balade entre les bibliothèques à moitié renversées, les morceaux de marbres qui étaient tombés des étages supérieurs & les câbles électriques inutilisés sortant des murs, elle entendit des pas dans le coin où elle se trouvait. Tiens, quelqu'un d'autre se promenait dans les coins abandonnés de la bibliothèque ? Intéressant ... Discrètement, elle s'approcha de la source du bruit, discrètement ... Avant de se heurter à quelque chose.

" Aie ! Merde, ma cigarette ... pesta-t-elle."

Tiens, la chose qu'elle avait heurté ne semblait pas être une étagère contrairement à ce qu'elle avait imaginé. Ses mains se posèrent sur quelque chose qui semblait se mouvoir, respirer ...

" Oups, murmura-t-elle."

Elle se tenait contre le torse d'un inconnu, bien plus grand qu'elle et plus musclé aussi. Elle leva sa tête pour tenter de voir le visage du nouvel arrivant mais un rayon de soleil l'éblouit, l'obligeant à reculer d'un pas.

" Désolée de vous être rentrée dedans, marmonna-t-elle en passant sa main dans ses cheveux, un peu gênée d'avoir oublié de faire attention à ce qu'il l'entourait. Ça va pour vous ? "

Léliana avait bien conscience que sa conversation était limitée, mais elle ne savait pas trop quoi dire pour le moment, étant donné qu'elle avait quand même été plus surprise qu'elle ne semblait l'être, son ouïe ne l'ayant pas informée de la présence aussi proche de cette personne.

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Luke prit une inspiration, et souffla sur un énorme manuscrit qu'il tenait dans ses mains tremblantes. L'usure du temps s'envola alors dans l'espace illuminé par la lumière qui traversait abondamment les fenêtres. Ou les débris de fenêtre. Et par les temps qui court, nul spectacle n'est aussi beau. Le jeune adolescent était fasciné par la poussière qui avait sans doute mis des années avant de régner sur cet endroit... Tout les dommages que le temps causait le fascinaient à vrai dire. L'homme qui ne vieillit pas. L'immortalité empiétant sur les joyaux de la vie. Comment peut-on sincèrement profiter de jours, semaines, années quand on sait qu'on peut en avoir des milliers ? L'usure vient de la vie elle-même quand on est éternel, car elle se répète sans cesse peu importe les époques, les guerres, les paix, les hommes... Seul l'art ne perd pas de vitalité avec le temps. L'art est plus éternel que n'importe quel personne de sa race. La peinture, le théâtre, le cinéma... Et l'écriture. Et dans cette merveilleuse bibliothèque, au delà de la lumière, ce sont des ouvrages que vient la beauté. Il y en avait tellement, pour la plupart oubliés... Luke ne cessait d'en redécouvrir. Et jamais il ne cessait d'être agréablement surpris par l'imagination de ses paires. Il avait même entrepris de réécrire chacun de ces ouvrages pour ne pas qu'ils se perdent à jamais avec l'effondrement du bâtiment qui ne saurait tarder. Il avait caché, peut-être bien trois cent livres qu'il avait soigneusement recopié. Et chaque fois, sans exception, il reposait le livre qu'il avait emprunter pour que d'autre puisse en profiter. Il savait bien qu'il n'était pas le seul à traîner ici. Rien qu'en ce moment même, il entendait les battements d'un coeur inconnu quelques pièces plus loin. L'art n'appartient à personne. Mais la confession qu'il ne fera jamais à personne et surtout pas à lui même, c'est qu'il cherchait désespérément le livre qu'il avait perdu... détruit par un idiot mort aujourd'hui, par ses soins cela va de soi. Mais après douze ans de recherche, toujours aucun signe de la seule chose qui le rendait vraiment heureux.

Maintenant qu'il avait trouvé ce qu'il était venu chercher, il désirait rentrer. Le chemin était long avant de rentrer chez lui, et il n'avait guère l'envie de tomber sur un quelconque regroupement d'idiot qu'on appel les citadins. Luke haïssait la plupart des gens, simplement parce que leur existence n'avait pas de sens et que cela ne les dérangeait pas. Et qu'au contraire, lui, ça le rongeait. Appelez ça de la jalousie si vous voulez, pour lui c'est de la haine. Il rangea délicatement son manuscrit dans son sac à dos, et commença à traverser une allée crée par la nature. Il fouilla machinalement, comme un geste anodin, dans sa poche avant d'en sortir une cigarette et un briquet. Il la porta à ses lèvres et l'alluma. Réel. Luke esquissa un sourire, et continua d'avancer. Sans s'en rendre compte il s'était arrêté un instant pour profiter de la nicotine qu'il venait d’inhaler.

Et tandis que les yeux toujours fermés il continuait de marcher, il se retrouva perturbé dans un de ses rares moments de paix. Certes, il ne sentit la secousse. Mais il ne pouvait cependant nier avoir été percuté par une jeune femme. Elle était petite, et d'une jolie rousseur. Quelque chose scintillait autour d'elle, comme une aura. Ou c'était peut-être les yeux du jeune homme qui voyait en ce lieu, tout beaucoup plus joli. Il resta silencieux un moment, la laissant se noyer dans ses discours. Elle n'avait pas à s'excuser de marcher. C'était idiot. Elle pouvait plutôt s'excuser de lui avoir fait perdre un feu. De l'obliger à aller en voler un autre, dans un endroit bondé de monde. Mais ça... elle ne le ferait pas. Personne ne comprend jamais le jeune homme de toutes manières.

Luke fit un pas en arrière, et ressortis une cigarette, oubliant presque le fait qu'il n'ait plus de feu. Il avait besoin de fumer. Besoin de sentir sa gorge brûlée lui rendre la vie plus simple. Il commença à chercher un feu, ne faisant plus du tout attention à la jeune femme. Il n'avait que faire d'elle. Il l'aurait peut-être tué, si à cause d'elle son livre était tombé. Mais ce n'était pas le cas. C'est alors qu'il remarqua, tel un idiot, que son feu était bel et bien parti. Ses yeux se teintèrent de noir. Il avait besoin d'un feu. Il regarda alors la femme coupable, et lui adressa d'une neutralité plus ou moins crédible*

- Tu aurais par le plus grand des hasards un feu sur toi ?

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